le jour où ma terre s’arrêta…

Retour du paradis , janvier 2001, il fait froid et gris à Paris et puis j’en ai assez de ce boulot, des contraintes, de mes boss…..

Mon mèdecin m’a demandé de repasser le voir alors en bonne élève j’y retourne. Il me dit qu’il faut m’opérer ,enlever cette petite boule qui va nous embêter ; mais je n’ai pas le temps, peut être en mai ou en juillet, maintenant c’est juste pas possible, au boulot c’est l’enfer!

Mais pourquoi insiste-t-il autant ? Et puis…à la réflexion  pourquoi pas … une opération en ambulatoire, une petite  journée à dédier à cette boule « qui va nous embêter ».

Le docteur H reflechit : doit on faire venir l’anapath sur place (en d’autres termes doit-on faire analyser (encore?) le kyste )pendant que je suis endormie? Mais pourquoi puisque la ponction est négative? Alors il laisse tomber : ok la ponction est négative on enlève juste la tumeur (benigne!) on recoud et on envoie au labo pour être surs…. L’operation est prévue pour fin janvier, je repars sans etat d’âme.

20 janvier operation : rapide, indolore. 1 semaine après j’ai rendez vous pour enlever les fils. Il m’avait dit qu’il m’appelerai pour me donner les resultats de labo il n’a sans doute pas eu le temps…

Salle d’attente, silence, toute petite angoisse et puis le voilà droit comme un I, il ne sourit pas, ne me serre pas la main, me précède dans son bureau, s’assoit et secoue la tête :  » c’est pas bon  » .

Mon cerveau ne suit pas : ça veut dire quoi « c’est pas bon »

« la ponction était négative mais il se sont trompés la tumeur est maligne c’est un cancer.. »

et ma terre s’est arrêtée de tourner…..je suis restée là un bourdonnement dans les oreilles, le coeur au bord des lèvres, les tempes battantes, la bouche sèche : un cancer ! A 37 ans ? mais que se passe-t-il ? où va ma vie? où s’echappe-t-elle? que me dit-il? ils se sont certainement trompés, la ponction est revenue negative…C’est ça c’est une erreur, une monstrueuse erreur!

Et lui imperturbable a commencé à me parler hopital, operation ( ablation!!!), chimiotherapie, radiotherapie… je n’ai rien entendu ou si peu, rien compris,  ou rien voulu comprendre.

Je ne veux pas ecouter, pas entendre, je veux juste rentrer chez moi, renvoyer la baby sitter et me coucher, oublier ce cauchemar, appeler jean claude…

et puis je pars, un numéro de téléphone dans la poche : l’hopital saint Louis et un nom le Docteur Marc Espié.

Alors je téléphone : « rentre s’il te plait, j’ai un cancer ».
Dehors il fait toujours aussi froid, les lumières de la ville sont allumées, je ne sais plus si j’ai pris le métro ou si je suis rentrée à pied, je ne sais plus…….

Ma vie ce jour là, a basculé dans le neant, l’inconnu, la peur, la souffrance, la solitude…. et ma question a été POURQUOI MOI ???

je n’ai eu la réponse à cette question que des années plus tard …….

01/10/2009