« Monologue… chimiothérapie » une expo qui retrace un an dans la vie d’une femme
A l’annonce de mon cancer, le médecin avait prononcé une phrase qui m’est restée : « un cancer du sein, c’est un an dans la vie d’une femme ». De cette année, Cécile Bocéno, plasticienne et enseignante en a fait quelque chose. 365 jours qu’elle va immortaliser en 365 compositions qui retracent sa rencontre avec le cancer du sein qu’elle croise en 2009, à l’âge de 39 ans.
Petites images facilement transportables dans une boite à chaussures pour les avoir à portée de main en cas de fatigue ou à l’hôpital, elle égraine les jours en les couchant sur le papier : collage, photos, dessins, estampes avec comme fil rouge l’arête de sa main, véritable « marque de fabrique » de l’artiste depuis 1997. Elle ponctue certaines des oeuvres de textes parfois même teintés d’humour véritable miroir de ses émotions quotidiennes.
Isolée, perdue dans un monde médical, son seul lien avec l’extérieur est la presse quotidienne et ses nouvelles fraîches qui la rattache au monde réel et la rassure : la terre continue de tourner. « J’ai dû m’extraire du monde pour pouvoir lutter. Mon seul lien avec lui passait par la presse écrite et ce sont les images, qui chaque jour, me permettaient de renouer le contact ».
Comme nous toutes, elle passe par divers sentiments : sidération, révolte, refus… pour finalement arriver à l’acceptation qui surgit à l’aube du 50ème jour. Elle ajoute à ce moment là des couleurs dans ses compositions comme pour dire que c’est elle qui gagnera la bataille.
Elle a aussi besoin de remercier l’équipe de soignants qui l’a accompagnée durant ses traitements. C’est pourquoi chaque image, exposée au Musée des abattoirs de Toulouse du 12 au 30 janvier, sera vendue 80 euros, dont 25% seront versés à l’Institut Claudius – Régaud à Toulouse où elle a été suivie.
Enfin, une phrase de la plasticienne m’a conduite à m’interroger sur sa démarche. Elle se refuse, en effet, à considérer son travail comme celui d’une malade. « Ce travail a participé à ma guérison mais c’est un travail de plasticien, pas de malade. La maladie n’a été qu’un déclencheur. » Alors peut-on parler d’art-thérapie?
Oui dans l’expression de la souffrance qui va émerger à travers une oeuvre artistique. Mais peut-être pas tant que ça. En effet, les artistes se servent très souvent de ce qu’ils sont dans la vraie vie, de ce qu’ils savent si bien faire, pour exprimer le bouleversement que représente une maladie grave, comme tout autre évènement qui survient sur leur chemin. Un écrivain les couchera sur le papier, un cinéaste les filmera, un peintre les peindra au même titre qu’ils retranscriront l’arrivée d’un nouvel amour, d’un décès, d’une joie, d’une peine…ou toute autre situation importante à leurs yeux. C’est bien le quotidien, qui alimente leurs réalisations et nourrit leur travail.
A l’instar d’Estelle Lagarde, photographe, dans sa réalisation « adénocarcinome- la traversée imprévue« , de Marine Bureau-Kohn plasticienne aussi dans Nib-Art, ou de Marie Mandy dans son film mes deux seins-journal d’une guérison, chez Cécile Bocéno, c’est l’art qui va transcender cet accident de vie et la mener à la rémission, l’art qui n’est finalement que l’expression de ses ressentis durant une année particulière.
Les ateliers d’art-thérapie organisés dans certains centres aident plutôt le commun des mortels, parfois très doué, à exprimer, à expulser ses douleurs au fil de réalisations qui prennent différentes formes. Finalement, je ne pense pas que cela fasse appel à la même démarche même si le résultat, à savoir, un bien être retrouvé, puisse être le même. Qu’en pensez-vous?
Exposition au Musée des Abattoirs de Toulouse du 12 au 30 janvier 2011
Sources : La dépêche.fr/ 20minutes.fr
Photo : Cécile Bocéno « Monologue – chimiothérapie »
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non un cancer se n’est pas une annee
j ai eu beaucoup de chance et un chirurgien hors du communn que d ecoute et de paroles sereines pour que je comprenne que l ablation aller me sauver et oui merci merci merci (chu de grenpble=
même si je suis moyennement sensible à l’oeuvre de cette plasticienne, ce journal au quotidien tout en images est très intéressant.
Ça doit être une assez libérateur comme démarche, et elle est à la portée de tous, artiste ou pas…
C’est peut-être aussi parce que je trouve que parfois une image en dit plus que la parole.
@Anita : mon médecin parlait des traitements qui pour la plupart d’entre nous, peuvent s’échelonner sur une année… mais bien entendu ce n’est pas si simple :-(.
@Cathie : il est certain que les artistes, quelle que soit leur discipline, font passer un message fort, bien plus qu’un mot, un regard ou bien sur un silence. C’est en cela qu’ils ont été et sont indispensables dans toutes les civilisations y compris dans une société moderne comme la notre.
je vous embrasse les filles
effectivement, ce « un an dans la vie d’une femme », ça fait un peu « le gars pas trop au courant ». C’est une maladie qui ne se résume pas à ses traitements.
Mais bon, passons…
Que cette année soit vécue par les artistes comme une nouvelle façon de vivre leur travail, avec un sujet très personnel, là, je leur dis « Bravo! ». Une façon d’en tirer du positif. Et aussi un moyen de pouvoir travailler avec un objectif.
Pour celles qui doivent dire non à leur travail parce que le traitement ne le permet pas, pour celles qui ont du mal à exprimer leur maladie à cause des effets dans l’oeil des autres, j’espère que cet atelier d’art thérapie est une petite porte vers un ailleurs. Et ce qui serait vraiment bien, ce serait que cet atelier ouvre grand la porte vers une autre vie, une page qui se tourne grâce à la découverte d’un nouvel univers. Apprendre à « jouer » de son mal-être.
par contre, une telle expo dans le musée des abattoirs !!!… euh… vaste question sur une telle acceptation !
Coucou Cécile,
Effectivement, comme pour toi mon voyage cancer a duré bien plus d’un an… je pense que le médecin m’a dit ça pour me rassurer et surtout me faire entrevoir l’existence d’un après !
Le choix du musée des abattoirs ne m’avait pas sauté aux yeux… mais ce n’est pas très judicieux en effet, on en rirait presque ! 😉
A très vite
à bientot !
(je m’absente quelques jours
loin d’internet 😉
bonjour les filles;
Le musée des Abattoirs,situé dans les locaux rénovés des anciens abattoirs de Toulouse,est un magnifique ensemble de bâtiments de briques roses et j’irai voir cette expo. Je dis : »tant mieux » à toutes celles qui peuvent évacuer leur mal-être par une activité mais ma pensée va surtout vers celles qui en sont incapables et qui souffrent encore plus.
Que faire? Pourquoi le cancer reste-t-il comme une « maladie honteuse »,alors qu’en parler pourrait
diminuer les souffrances psychologiques?
A bientôt
@Brume : Prends bien soin de toi !
@Germaine : merci de ces précisions et j’espère que tu nous donneras tes impressions sur l’exposition.
Très bonne fin de journée à toutes
Un cancer du sein avec ablation peut durer treize ans, métastaser et se terminer en soins palliatifs; nous ne sommes pas égales non plus devant la maladie.
Bonjour Sitelle,
il est évident que cette femme artiste a raconté son histoire durant cette année de traitement ce qui ne réduit pas pour autant la maladie à quelques mois !
Malheureusement votre amie fait partie des cas extrêmes qui sont absolument terribles et terrifiants pour nous toutes !
Je ne crois pas qu’il faille s’en servir comme exemple, toutes nos lectrices ont besoin d’espérer et d’y croire et mon blog est aussi là pour ça…. Bien sur il existe des cas où la récidive survient même après de nombreuses années mais une très grande partie des femmes touchées guériront et c’est cet aspect positif que je veux mettre en avant ici!
Bien à vous
Catherine
bonjour à toutes,
Je rentre de l’expo de Cécile Bocéno au musée des Abattoirs; j’ai beaucoup aimé ,cela traduit les différents états que nous connaissons,tantôt angoissées,tantôt apaisées mais souvent révoltées et les pistolets, canons…je pense que Cécile les pointaient vers le maudit crabe!Tout cela magnifiquement traduit . De plus,j’ai découvert qu’elle habite le département voisin,ce qui me permettra, peut-être de la rencontrer.
A bientôt
Merci de ton retour Germaine,
Je regrette d’être si loin :-(…
Bonne fin de journée
Catherine