la traversée imprévue, adénocarcinome d’Estelle Lagarde – une expo à ne pas manquer
Estelle Lagarde est architecte de formation, devenue, depuis une dizaine d’années, une photographe de talent à laquelle on doit des séries comme « Dames des songes », « Hôpital » ou « Contes sauvages ». Lorsqu’elle apprend à 34 ans qu’elle est atteinte d’un cancer du sein, passé le choc du diagnostic, elle décide tout naturellement de le mettre en mots et en images.
« En mars 2008, on me diagnostique un cancer du sein. Je décide alors, pour accompagner, ma guérison d’en faire le sujet d’un travail artistique. Il s’agit d’un autoportrait qui se présente sous la forme d’un journal alternant photographies et textes. Des mises en scènes relatant ma vision de ces dix mois de traitement, mêlant gravité et humour au jour le jour. » E.L.
Elle réalise donc, durant ces longs mois, 78 autoportraits dont les prises de vues se passeront pour la plupart, dans son studio aménagé pour l’occasion. En noir et blanc ou en couleurs, les images sont fortes, poignantes, sans fard ; les mots simples, retracent son parcours en omettant aucun moment de cette « traversée imprévue ».
Nous la découvrons juste après l’opération, perdant ses cheveux après la première chimio, puis chauve, allant jusqu’à jouer de cette perte insupportable, elle qui n’ose pas se montrer aux autres sans perruque ; pendant les repérages de la radiothérapie, couvertes de traces de feutres et scotch ; en vacances à Djerba, pour souffler, durant des prises de vue nocturnes, esprit fantomatique dans un hôtel vidé de ses occupants… Elle se met en scène toujours seule avec elle même, avec la maladie pour raconter, montrer, laisser une trace de ses maux. La souffrance est mise en scène avec un réalisme doublé parfois d’une pointe d’humour. En parcourant les planches, chacune s’y retrouvera, se reconnaîtra dans ce parcours si semblable à toutes. La photographie, empreinte de silence, est complétée par les mots qui racontent, expliquent, décortiquent et permettent de comprendre ce qu’a représenté le cancer pour Estelle.
De ce lourd parcours elle va tirer un livre, (Ed. La cause des livres) dont la préface est rédigée par Dominique Gros, sénologue et écrivain, auteur lui même de plusieurs ouvrages sur le cancer du sein. Il y explique que cet ouvrage est destiné à tous : non seulement les malades mais aussi les bien-portants qui y découvriront des images qu’ils fuient souvent et les soignants qui y trouveront un éclairage différent sur le cancer à travers le regard d’une patiente.
En voici un extrait :
«Estelle combat son cancer par l’art. Ecrire implique de choisir les mots, de ciseler les phrases, de parfaire le style; faire des autoportraits requiert de chercher le meilleur angle, de travailler la lumière, les ombres. Ecriture et photographie sont des actes de création. Estelle exploite les bienfaits de l’art face au cancer. Créer est une pulsion de vie qui s’oppose aux forces destructives. A qui s’adresse La traversée imprévue – adénocarcinome ? A toutes et à tous. Femmes ou hommes. Malades ou bien-portants. Soignés ou soignants.
Toute femme qui a déjà fait cette traversée s’y retrouvera. A posteriori, cela peut rassurer de voir que l’on a éprouvé les mêmes difficultés, rencontré les mêmes incompréhensions, eu les mêmes peurs. Quant à celle qui s’apprête à faire la traversée, elle y puisera connaissance, force et courage. « J’ai besoin qu’on m’explique », répètent les patientes confrontées aux méandres du parcours médical et des soins. Avec ce livre, les proches – compagnon, mari, soeur, frère, père, mère… amies – apprendront à mieux comprendre les difficultés des femmes qui traversent cette épreuve.
Tout soignant – même et surtout celui qui sait déjà tout – gagnera à lire ce récit. Que l’on soit infirmière, médecin, psychologue, on y découvre tout ce qui ne figure pas dans les traités de cancérologie et qui est pourtant si précieux pour mieux soigner.
Cet ouvrage s’adresse aux bien-portants, à celles et ceux qui préfèrent ne pas penser au cancer. Lisez ce livre, il vous instruira. Il vous fera sourire. Vous apprendrez que si le cancer du sein n’est pas toujours un drame, il est chaque fois une épreuve. « Le cancer du sein, ça se soigne très bien aujourd’hui… Une fois que l’on vous a enlevé un sein, brûlé la peau, fait perdre vos cheveux, remis un faux sein. Vous êtes guérie ! ». Vous apprendrez que l’amitié, l’affection, l’amour des proches, sont des forces puissantes et nécessaires. La traversée imprévue (Adénocarcinome) est une belle leçon de vie. Un livre précieux pour celles et ceux qui rencontrent le cancer du sein sur leur chemin.»
Dans le cadre du mois de la photographie, 28 de ces planches sont exposées depuis le 2 novembre et jusqu’au 4 décembre à la Galerie Dialogos, 1 Place de Thorigny – 75003 Paris. Une soirée signature aura lieu le 25 novembre à partir de 18h30.
Une exposition à ne pas manquer, assurément.
La galerie est ouverte du mardi au samedi de 14h à 19h et sur RDV : 06 10 50 35 65
Livre en vente sur tous les sites libraires : entre 23,75 et 25 euros
Pour voir d’autres photos : rendez-vous sur le site sortiraparis.com
Sources : communiqué de la galerie Dialogos/ le blog Caméra Obscura
Illustrations : © Estelle Lagarde
Pingback: Cathcerisey sur Blogasty
Elle a réussit à transmettre à travers ces cliché, sa souffrance, la noirceur de la maladie, trop lugubre pour moi ! très bon travail, mais pour moi la maladie n’ a pas eu que du mauvais, j ‘ai l’ impression qu’ elle transmet que ça.
Super, merci pour cette info, j’adore, peut-être pas tout le travail, mais la créativité de cette femme m’emballe complètement !! je vais sûrement y aller, et essayer que ce soit le 25 novembre pour la rencontrer
excellente initiative que d’exorciser cette terrible épreuve par l’écriture ou la photo!en ce qui me concerne, pour éviter à mon entourage une vision trop douloureuse de ma maladie,je me suis efforcée de continuer mes activités en montrant toujours une bonne humeur et un sourire constants,
gardant les moments de déprime à l’abri du regard des autres.
a bientôt!
Trés belle initiative et je pense me procurer le livre.
Quelques photos peuvent perturber ou déranger !!
merci pour l’info et pour ton travail de recherche et d’information.
Cécile
Bonjour à toutes,
Le moins que l’on puisse dire est que le travail de cette photographe ne laisse pas indifférent :-)….
Très bonne journée
Catherine
« Des mises en scènes relatant ma vision de ces dix mois de traitement, mêlant gravité et humour au jour le jour ».
Grand bravo à Estelle. Je ne pourrai malheureusement pas voir ses photos en expo, mais ton article Catherine me donne vraiment l’envie d’en voir plus.
Gravité et humour au jour le jour, voire plusieurs fois par jour,je dis un grand OUI !
Parce qu’il y a maladie et vie mêlées, simplement.
Et ces photos de moments si difficiles (la chute des cheveux l’est particulièrement, 3 fois vécues avec toujours autant de douleur), je les trouve simplement belles aussi bien le coté image que le coté expression.
Et même si je n’appréciais pas sa mise en art de la maladie, je lui dirais bravo d’avoir su le vivre ainsi pour tourner la page. Et que la page soit bien tournée pour que ce cancer reste simplement enfermé sous ses couvertures.
BRAVO
Si quelqu’un de votre entourage est dans le déni.. ca devrait le faire..;)
Sublimer une souffrance par l’art ou par l’écriture est un excellent moyen de la dépasser, et non seulement cela fait du bien à la personne concernée, mais cela apporte aussi aux autres par la qualité de cette forme de témoignage.
Je passerai voir cette exposition.
Merci Catherine pour cette information.