merci l’inca je suis guérie!
Et oui voilà, il a fallu que je l’apprenne par les médias, je suis guérie.. C’est officiel . Pour preuve j’ai eu un cancer pour lequel on enregistre 80% de guérisons à 5ans….celui qui enregistre les meilleurs pronostics ! C’est dire ! Et Monsieur Maraninchi, le president de l’Inca compte bien sur l’effet « bombe » de son annonce…qu’on vous le dise les « cancéreux » guérissent !
Et dans un premier temps, il faut prévenir les médecins … Si si messieurs, fini votre insupportable rémission, il va falloir passer au « bonjour Madame, d’après les résultats de vos examens et les chiffres de l’Inca, vous êtes guérie »…et ce n’est pas gagné croyez moi car ils sont frileux nos chers soignants quand il s’agit du cancer !
Et puis il va falloir que j’annonce la nouvelle à mon entourage, qu’il cesse de me regarder comme quelqu’un en sursis à chaque bobo … Fini les regards en biais quand je fais mes mammo ou que j’ai mal quelque part je suis à nouveau comme tout le monde…Et en l’occurence c’est moi qu’il va falloir persuadée…parce que je n’ai plus le droit d’avoir peur à la moindre petite douleur inexpliquée. Plus de cancer donc plus de metastase, exit la récidive. Pas facile, finalement le rôle de fragile rescapée me convenait peut être pas si mal.
Et puis c’est mon assureur et mon banquier qui vont être contents…ils vont enfin pouvoir me prêter de l’argent comme à tout un chacun :-).. J’ai à nouveau le droit de faire des projets, investir, croire en une vie professionnelle… Là aussi, je pense qu’il va falloir user d’un don de la persuasion hors du commun pour venir à bout de leur réticences… Tant pis, je me rendrais aux rendez vous avec ma pile de journaux sous le bras pour leur prouver ma bonne foi.
Comme par exemple, 20 minutes qui a titré aujourd’hui : la guérison : une rémission qui se prolonge ! très bien mais qui se prolonge combien de temps…. combien d’années, dois-je attendre? Qui me dira que j’ai assez espéré, prié, que le temps de la remission est passé au profit du doux temps de la guérison! Quel médecin va oser s’engager sur un pronostic dont il n’est absolument pas certain?
Quid de ma tante qui a rechuté au bout de 10 ans, de ma copine qui s’est vu diagnostiquée une recidive 9ans plus tard, de cette femme qui replonge au bout de 13 ans….. bien entendu cela s’explique par les statistiques, (divines statistiques) qui à l’echelle humaine ne veulent rien dire : si 80% des femmes guérissent, 20% rechutent ..20 % …..20 femmes sur 100 c’est énorme! Où donc est ce que je me situe, de quel côté de la barre?
A priori tout ceci semblait être une très bonne nouvelle : aujourd’hui on survit au cancer. Fini les regards compatissants, les rendez vous à l’hopital, le stress des contrôles…. je n’ai pas plus de raison de mourir d’un cancer que ma voisine qui est par ailleurs, en parfaite santé…. Mais à y regarder de plus près, je m’interroge.
Alors bien sûr il faut briser le tabou, il faut que les employeurs, assureurs et banquiers cessent de nous considérer comme potentiellement morts … mais non malheureusement, je ne suis pas guérie, parce que mon oncologue refuse de me le dire , que la médecine ne sait pas prédire les rechutes, parce que l’épée de damoclès existe toujours, que le risque perdure et qu’il soit de 2 ou de 50% je dois vivre avec…
Monsieur Maraninchi veut, grâce à son barouf médiatique changer les mentalités…. bravo belle inititative so what? Pourrais je obtenir plus facilement un crédit, mon futur employeur me fera-t-il plus confiance, aurais je moins peur lors de mes contrôles? Je veux bien être déclarée guérie encore faut-il que j’en tire les bénéfices. Malheureusement rien n’est moins sur et la société n’est pas encore prête à faire des concessions face à ces anciens malades de plus en plus nombreux mais tout aussi potentiellement à risque :-(.
Soyons clair, le cancer est ce qu’il est, à savoir, une maladie pernicieuse que l’on ne sait pas encore eradiquer…et finalement à y bien réfléchir, je me demande si je ne préfère pas vivre à l’ombre de la remission , plutôt que dans l’imaginaire d’une pseudo guérison médiatique… Déclarer le cancer gueri ne l’empêchera pas de récidiver…. Et finalement, à vouloir aller trop vite, nous allons nous retrouver face à un décalage ingérable entre ce qui est avéré et ce que l’on aimerait qui le soit. Alors , laissons faire les chercheurs, donnons leur les moyens de faire disparaitre cette maladie et ne vendons pas la peau de l’ours….
Souce : Inca
Excellent article !
Cette annonce spectaculaire inaugurera t’elle un changement dans les faits ou n’est-ce qu’un désir de banalisation à l’instar de la dernière campagne de pub de l’Arc ?
Bonjour Catherine,
bravo pour ton article !! dire que le cancer se guêrit est tellement plus facile !!! Mais ils sont si loin de la réalité et comme tu le dis si bien si cette nouvelle pouvait nous permettre de vivre mieux et surout de ne plus avoir peur !!!
merci à toi
Bonne journée
Cécile
Bonjour,
Il me semble que si personne ne dit jamais que l’on guérit du cancer, les mentalités ne changeront pas.Quand on apprend que l’on a un cancer, on devient »potentiellement mort »,aux yeux de la société(collègues, employeur,banque…)et aux notres aussi bien souvent, à ceux de nos conjoints,enfants,parents, famille,amis…tout le monde est terrorisé:alors elle aussi va mourir?
Mais voila, parfois on guérit.Il faut avoir cette idée en tête, mourir de son cancer n’est pas inéluctable. Parfois le voisin ou la voisine qui n’a pas de cancer sera mort avant nous, de son diabète, cholestérol,anévrisme, ou accident de voiture.Et pourtant , à eux on prête de l’argent. Alors , oui , il faut que l’image sociale et l’image inconsciente du cancer change: ce n’est pas une vie au rabais ou une mort en surcit que l’on vit après le cancer, en tout cas pas plus que les autres!
Voila pourquoi cette idée ne me choque pas tant
Bonne journée et merci de partager tout ça.
Martine
Totale en phase avec toi ! J’ai exprimé la même confusion sur mon blog (You know what? I’m guérie)
Une déferlante de guérisons va s’installer dans les média.
Ce serait génial si c’était avéré par nos oncos. Mais on va encore se retrouver en décalage entre réalité et communication. La perception de l’urgence va encore s’en trouvé édulcorée.
Et c’est pourtant bien grâce à la recherche qu’on va guérir, sûrement pas en bricolant des stat vieilles de 10 ans…
Bonjour Martine,
Malheureusement il ne suffit pas de dire que l’on guérit du cancer pour que ce soit vrai 😦 ce serait trop simple. il faut peut être faire les choses dans l’ordre : à savoir éradiquer la maladie d’abord, afin que les mentalités puissent changer ensuite. Aujourd’hui l’annonce de l’Inca est un leurre : les gens n’y croiront pas, ils ne changeront pas d’attitude simplement parce qu’on le leur demande. Et le danger est là : faire croire aux malades que non seulement ils sont guéris mais qu’en plus leur vie va redevenir comme avant. C’est faux, il faudra bcp plus de temps pour que les choses évoluent.
Alors quel est l’intérêt ? Sinon un effet d’annonce qui risque d’avoir pour résultat une sacré désillusion pour tous ces malades fragilisés.
Sans compter le spectre de la réduction des couts de la sécurité sociale qui plane derrière ce buzz… (cf mon article sur la maison du cancer : Fin d’Ald beaucoup de bruit pour rien).
Aujourd’hui seul mon médecin peut me dire si je suis guérie et il ne me le dit pas… c’est bien là que le bât blesse.
Changer l’image du cancer est une nécessité absolue tu as raison mais il faut le faire de façon intelligente, en concertation avec les malades et les soignants et pas simplement par un communiqué de presse qu’on lache comme une bombe qui risque force de nous exploser au visage.
Comme d’habitude ce post n’engage que moi et je suis ravie de pouvoir partager et echanger sur tous ces sujets avec vous toutes.
Merci
Gros bisous
Oui, tu as raison, mais une des choses qui m’a le plus blessée durant ma maladie , c’est de voir ma « mort » ans le regard des autres, de mes proches.Et j’aimerai que l’on comprenne que même si on ne « guérit » pas au sens propre, on continue d’être vivant tout comme les non -cancéreux!
Bises et bon Week end
bien sur Martine il faut absolument changer le regard que les gens portent sur les malades, c’est essentiel… mais pas n’importe comment!
L’arrivée du cancer ne signe pas notre arrêt de mort mais il ne faut pas le banaliser non plus, au risque de voir dans le regard des autres non plus de la pitié mais de l’indifférence .
La vérité se situe certainement entre les deux 🙂
Bisous et bon week end à toi
Super de belle article, mais est-ce vraiment vrai. je ne crois pas que le monde soit pret a nous dire que nous sommes guéri, surtout le monde des affaires. Il serai vraiment merveilleux qu’il le croit tout de suite mais bon nous avons toujours espoir et encore de lespoir. restons positive mesdames et sa viendra la vrai guérisons.
Coucou,
j’ai lu attentivement le rapport de l’Inca, que j’ai trouvé interessant. La page 23, intitulée ‘discussion’, remet les points sur les i concernant le fait que les chiffres soient anciens.
http://www.e-cancer.fr/les-soins/4211-survie-des-patients-atteints-de-cancers-en-france-linca-dresse-un-etat-des-lieux
Il y est dit que cet état des lieux est nécessaire afin de commencer un suivi plus fin des cancers dans l’avenir.
Ce rapport m’a plutôt encouragé car les chiffres de survie étant anciens, on peut supposer que les nôtres seront meilleurs.
Catherine, tu cites des exemples de cancers récidivant après 10 et 13 ans, c’est sûr que du coup, dur dur d’accepter les 80% qu’on donne. Ce que je lis, c’est que c’est 2,5% des cancers qui récidivent après 10 ans. Et oui, la réalité est parfois trop loin de ces stats. Ceci-dit, j’ai envie de les accueillir comme un point de départ pour une réactualisation plus fréquente, afin que nous soyions au plus prêt de la réalité lorsqu’on nous annonce notre taux de survie.
Je n’ai pas du tout entendu dans les médias, le battage médiatique dont tu parles, qui semble du coup uniquement se focaliser sur le terme de guérison. Peux-tu nous en dire plus et nous faire des liens ?
Bah, de toutes façons, je n’idolâtre pas l’Inca depuis qu’il dit que le vin est cancérigène dès le premier verre !
Coucou Meli,
Je crois que le problème surtout réside dans le fait qu’à l’echelle humaine les stats n’ont aucun intérêt. Tu te fiches de savoir que tu as un cancer qui se guérit à 98%, si tu fais partie des 2% qui ne s’en sortiront pas et à l’inverse peu importe pour toi d’avoir un mauvais pronostic de 8% si tu as la chance d être dans ces survivants. (ça a été mon cas deux fois de suite) Les médecins et le gouvernement adorent les chiffres, mais les malades ne devraient pas les lire 😦
En ce qui concerne le battage médiatique dont je parle il s’est passé sur internet. En tapant guerison cancer inca sur google tu verras bon nombre d’articles qui n’ont tiré du rapport de l’inca que cette conclusion : on guérit du cancer
En plus, tu as raison, comme le souligne aussi Cathie, les chiffres sont anciens et on peut imaginer qu’ils sont bien meilleurs encore aujourd’hui. Mais le problème à mon avis n’est pas d’être guérie, mais des conséquences de cette guérison. Si demain on me déclare officiellement débarassée de ce cancer mais que personne ne veut m’employer, que mon banquier refuse de me prêter de l’argent et que mon assureur me demande des primes exhorbitantes, quel est l’intérêt? Et parallèlement mon médecin continue de me parler rémission 😦
Du coup je me pose la question de la finalité de ce rapport. Il ne va pas générer d’optimisme débordant autrement que dans les médias.Et si les malades le prennent pour argent comptant ils risquent fort d’être déçus…. un effet pervers certainement pas voulu au départ par le president Monsieur Maraninski mais qui me semble ineluctable !
Gros bisous
Catherine
PS : j’adore ton dernier post 🙂
Merci pour ton PS 🙂
(Il y a tellement à dire sur les attrape-gogos !)
Pour revenir à l’inca, même si je sais que les stats ne sont que des stats, j’aurai adoré qu’on me dise à l’annonce, que mon type de cancer se guérit à 98%. Ca change tout, non ?
On se dit alors qu’on a de grandes chances de s’en tirer. Ca facilite ce moment tout-de-même !
Après, se battre contre les banquiers, les assureurs, etc, c’est autre chose, c’est sûr.
Des bizzzzz
Méli
Hello,
Je rejoins Melilotus pour reconnaitre que ce rapport est publié avec les précautions nécessaires par l’INCa : explication détaillée de la provenance et du mode de calcul des indicateurs, relativisation, etc. L’INCa a dans sa mission de rassembler et publier les données du cancer.
Les interprètations tantôt en bonne nouvelle, tantôt en mauvaise nouvelle, se passent effectivement en aval de la publication, et n’engagent que leurs auteurs.
Les données de santé publique ont vocation à être publiées. Et effectivement, chaque patient « cas particulier » par essence, ne peut pas en conclure grand-chose pour son propre cas.
Paradoxe
@Meli
je ne sais pas s’il est plus confortable de se situer dans des pourcentages si positifs et de se retrouver brutalement face à la réalité des 2% tant redoutés. Ca a été mon cas deux fois de suite et j’ai maudit les statistiques crois moi :-(. Je pense sincèrement qu’il faut être conscient de l’inutilité des ces chiffres dans un cas particulier….
@JP
Vous avez raison les interpretations qu’ont fait les médias du rapport de l’Inca n’engagent que leurs auteurs. Il n’en reste pas moins que le but non avoué de l’Inca comme celui du gouvernement quand il veut supprimer l’ALD pour les malades au bout de 5 ans, est de faire passer un message positif : on guerit du cancer et de fait, les pouvoirs publics espèrent des retombées clairement positives pour les malades. Malheureusement je doute fort que la convention Aeras (qui permet aux malades d’emprunter et de s’assurer à des taux raisonnables) ne change suite à ces annonces.
De même il faudra plus qu’un buzz médiatique pour changer les mentalités du public.
Enfin, les médecins ne sont pas encore prêts à valider des guérisons encore aléatoires et non avérées.
Dans ce meli melo le malade est encore le bouffon de la farce 😦
Et à partir d’une belle idée de départ, on risque malheureusement de générer de fortes deceptions rien de mieux !
Très bon article qui reflète exactement ce que je ressent. Avec un article comme cela on voit que l’on n’est pas seul et cela donne du courage. Merci
Merci 🙂