Comment annonce-t-on un cancer aujourd’hui?

On n’est jamais préparé à s’entendre dire que l’on est porteur d’une maladie mortelle,mais il y a des façons plus adaptées, plus respectueuses de l’humain, moins traumatisantes que d’autres de l’annoncer.

Si le plan cancer II veut gérer l’après maladie, le plan cancer I a essayé de mettre en place un dispositif d’annonce pour lequel un budget de 15 millions a été débloqué. Depuis janvier 2006, les mesures ont été généralisées dans tout le territoire. Revenons sur les modalités de ce dispositif qui s’articule autour de quatre grands axes :

  • Un temps d’annonce et de proposition du traitement qui a été préalablement défini en RCP (réunion de concertation pluridisciplinaire) c’est à dire un staff réunissant tous les médecins concernés : oncologue chimiothérapeute, radiothérapeute, anapathologiste etc…Ce moment d’annonce peut correspondre à un ou plusieurs rendez vous avec un médecin. La stratégie thérapeutique est ensuite remise au patient sous forme d’un programme personnalisé de soin (PPS).
    Cette première mesure doit permettre aux soignants de s’adapter au temps necessaire à chaque malade pour integrer la nouvelle . En remettant un document en fin de consultation on pallie aux oublis auxquels sont confrontés les personnes anxieuses.
  • Un temps d’accompagnement est proposé immédiatement ou à distance de cette première consultation. Il est généralement assuré par un infirmier qui va pouvoir reformuler les informations déjà collectées, proposer l’aide d’autres professionnels de santé (psychologues, services sociaux..) et renseigner sur les différentes associations ou espaces d’informations (ERI Espace Rencontre Information) présents dans l’hôpital. Encore une excellente initiative que cet accompagnement qui permet au patient et à ses proches de poser toutes les questions nécessaires à la compréhension de son protocole de soin. Signaler la présence d’associations et/ou d’ERI ou la possibilité de consulter psychologues/psychiatres et assistante social …des points non négligeables qui vont permettre une prise en charge globale de la personne.
  • L’accès aux soins de support est proposé : kinésithérapie, psycho-oncologue, assistante social, soins esthétiques…..
  • Enfin, une liaison très étroite avec le médecin traitant est mise en place. En effet, c’est ce médecin de proximité qui connait le mieux son patient (situation familiale, socio-professionnelle, financière, psychologique…). Il a souvent pour tache d’expliquer une nouvelle fois un diagnostic ou un protocole de soin (trois fois sur quatre, le médecin de ville est consulté après une annonce de cancer), de soulager une détresse psychologique ou des effets secondaires de chimiothérapie par exemple… Pour cela, en temps réel si possible (par téléphone, mail, courrier… ) et à chaque étape, un compte rendu détaillant le diagnostic, le projet thérapeutique, l’inclusion eventuelle dans un essai clinique, les effets secondaires… devra lui parvenir accompagné des résultats d’examen, du compte rendu chirurgical, du compte rendu RCP et du PPS. La mise en place de ce relais avec la medecine de ville s’inscrit dans une volonté de mettre au premier plan un médecin référent de proximité. C’est une mesure importante quand on sait les problèmes auxquels sont confrontés les malades pour joindre les médecins à l’hôpital.

Il faut avouer que ces mesures semblent être appropriées à ce moment  si particulier et si traumatisant. Elles ont été initiées entre autre, par le département de soin de l’Inca ,les soignants eux mêmes et le réseau de malades de la Ligue. Et c’est ce dernier qui est en charge d’évaluer la réalisation du dispositif.

Effectivement, qu’en est-il aujourd’hui? Malheureusement, il semblerait que les mesures soient loin d’être généralisées et que de grandes disparités existent entre les centres.  On voit encore des annonces de cancer faites à la va vite, presque entre deux portes, sans aucune prise en charge psychologique, des diagnostics posés sans concertation, des infirmières quasi inexistantes. Ne parlons pas des propositions concernant les soins de support et les associations encore mal vues par les médecins hospitaliers.

Si la qualité des soins est primordiale, nous sommes tous d’accord pour dire que la prise en charge psychologique est tout aussi importante dans une maladie grave .Alors pourquoi voit-on encore de nos jours des personnes confrontées à un tel manque d’humanité. L’organisation interne des grands centres hospitaliers est peut être à l’origine des différences que l’on note entre les hôpitaux. La personnalité du chef de service ou du médecin en charge de l’annonce est certainement aussi un élément important. Force est de constater qu’une fois de plus nous ne sommes pas égaux dans la qualité des soins et de la prise en charge lors d’un cancer.

En ce qui me concerne, l’aspect humain du médecin et de son équipe a été un critère de choix très important. Et vous comment vous l’a-t-on annoncé?

sources : Inca/Ligue Nationale contre le Cancer