Nouveau remboursement des prothèses externes : les vraies questions

Hélène Benardeau dans son blog, relayée par Rue 89,  s’insurge sur la nouvelle loi en discussion actuellement sur le changement annoncé des remboursements des prothèses. Elle a parfaitement raison de tirer la sonnette d’alarme mais le problème est plus complexe qu’il n’y parait et mérite de s’y pencher plus avant.

En résumé, le remboursement des prothèses était jusque là pris en charge à concurrence de 69,75 euros tous les ans. Le projet est de passer ce remboursement à 120 euros tous les deux ans. A première vue c’est un avantage. Je m’explique : les prothèses qui se positionnent dans un soutien gorge ont une durée de vie supérieure à un an. Pas besoin de les changer si souvent pour peu que l’on en prenne bien soin. Cette augmentation de prise en charge est donc une avancée puisque les femmes qui les utilisent pourront se faire rembourser 120 euros au lieu de 69,75 et donc bénéficier de prothèses de bien meilleure qualité. (à l’heure actuelle leur prix varie de 70 à 220 euros)

Là où le bât blesse, c’est en ce qui concerne les prothèse adhérentes commercialisée par Amoena  et Anita qui coûtent aux environs de 160 euros  – et qui jusque là étaient prises en charge à 100% – ou les prothèses externes d’un montant supérieur à 120 euros. En effet, cette loi prévoit que ce prix de 120 euros devienne un prix limite de vente (PLV) et pas seulement un plafond de remboursement . En d’autres termes, aucune prothèse adhérente ou classique ne pourra être vendue au delà de cette somme. Ce qui voudrait dire que la seule alternative des  fabricants serait de baisser sensiblement le prix auquel elles sont commercialisées, en l’ occurrence 40 euros pour la contact. Or cette dernière a demandé des années de mise au point, et je doute qu’Amoena ou Anita puissent baisser leur marge d’un montant aussi important! La qualité des prothèses vendues en France est en jeu et il est intolérable d’imaginer que notre pays ne mette à disposition des femmes opérées que des produits de qualité médiocre! Malheureusement cela risque d’être le cas, puisque on n’imagine mal des sociétés devenir altruistes au point de perdre de l’argent!

Il est donc très clair, que si sur le papier ce projet semble représenter un plus pour celles qui utiilisent les prothèses classiques de prix modeste ou moyen, il signe l’arrêt de mort des autres dont l’adhérente qui est une véritable prouesse technique et donne aux femmes un réel confort au quotidien. Et le problème ne réside pas dans la baisse éventuelle de prise en charge, mais bien dans la disparition pure et simple de ces prothèses! Augmenter leur remboursement de quelques euros en maintenant un PLV reviendrait au même.

Il est effectivement nécessaire et urgent d’alerter l’opinion publique et les politiques, mais en comprenant exactement les tenants et les aboutissants et en pointant du doigt les vrais problèmes, faute de quoi nous obtiendrons l’effet contraire à celui escompté. Je vous engage donc à en parler autour de vous, à écrire à vos élus afin qu’il y ait une véritable prise de conscience et que cette loi ne soit pas votée. Si la prise en charge des prothèses est finalement modifiée, en aucun cas le débat ne doit tourner autour d’un prix limite de vente qui non seulement pénaliserait les fabricants mais nous pénaliserait toutes.

Catherine Cerisey

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